FAUSTIN NIAMOLO: LE PEINTRE DE LA SOCIETE CENTRAFRICAINE

Publié le par Pascal DEMBA

Il ya un an disparaissait le 3 Août 2016 Faustin NIAMOLO , l’un des écrivains-dramaturges les plus prolifiques du Centrafrique.

Il est né à SALO le 15 Février 1944. Sur ses 72 ans de vie sur terre, 30 furent consacrés à la culture. Plus d’une quinzaine d’années aux  services de l’Etat comme Directeur  administratif dans les Sociétés parapubliques.

 

Il a mis également ses compétences à la disposition des sociétés privées telles que la MOCAF, la SOCACIG etc… où il occupa les fonctions de Directeur commercial et Directeur Général  Adjoint.

 

Il  contribua, avec le Ministre Emile DJAPOU,  à la création de l’actuelle Alliance Française dont il devint le premier animateur culturel. Précurseur du théâtre moderne centrafricain, il introduit les troupes de théâtre dans les établissements scolaires centrafricains.

Plus de 19 textes poétiques,  composés des chants de combats pour la vie, ont été  écrits. Exemple : le grand chef, une nuit de forêt, ami pygmée, Dieu d’espoir, le cocu etc…….

Quelques nouvelles de la ville et de la forêt ont été aussi  écrites, notamment :  chasse sans retour, le voyage de linga à Bangui, le mariage de Yembelle, les funérailles d’un Pygmée etc….

Des pièces de théâtre dont les plus célèbres sont : l’héritage,  Germaine ti A Koli, Nzilakema, les femmes modernes, chambre 5  etc…

Un récit autobiographique : j’ai vécu l’enfer de Ngaragba.

Faustin NIAMOLO était un observateur assidu de la société centrafricaine, le peintre des mœurs de ses compatriotes.

 

Engagé politique, sa pièce théâtrale NZILAKEMA souleva colère et applaudissements dans les salles de représentations théâtrales. En effet NZILAKEMA était  le chasseur de B.BOGANDA, son confident et l’un des chefs de village les plus téméraires pendant la période coloniale.

 

Il habitait l’entrée du village Batalimo d’où son nom de NZILAKEMA, l’œil d’un petit singe, d’une sentinelle, de celui qui annonçait à la population l’arrivée des troupes de répressions coloniales. C’est lui qui jouait le rôle d’éveil.

 

Un jour, en se rendant à Bobangui, lieu de résidence du Député Boganda, il fut arrêté par la milice coloniale. Transféré à MBAIKI, il succomba sous la torture. Alerté, le député Boganda, accompagné de son épouse et de leur bébé Agnès, se rendit sur le marché hebdomadaire de Bokanga, intima l’ordre à la population de ne pas vendre les produits tropicaux aux colons le jour des obsèques du chef Nzilakema, selon les coutumes oubanguiennes. Boganda, son épouse et leur bébé furent arrêtés et transférés à MBAIKI malgré le statut parlementaire de BOGANDA.

 

Homme de l’ombre, excellent conseiller et rassembleur, railleur de certains défauts des centrafricains,  Faustin NIAMOLO su, de son vivant, par sa simplicité, tempérer les ardeurs démesurées de certains, adoucir les colères des autres. Parmi les témoignages, voici celui de celle qu’il appelait affectueusement la petite : « Nantis de tes expériences Faustin, nous voici chargés de tes souvenirs pour bercer ton sommeil de poésie rythmée, ensoleillée. » Alexandrine LAO.

 

Faustin NIAMOLO et Etienne GOYEMIDE furent des écrivains intrépides, des vrais révolutionnaires. Leurs écrits retracent les brimades et atrocités  qui ont marqué la vie des Oubanguiens d’hier, les Centrafricains d’aujourd’hui. Leurs messages, ont annoncé la tornade qui secoue la République Centrafricaine actuellement.

 Les textes sur «  NZILAKEMA,  Chambre 5, J’ai vécu l’enfer de Ngaragba de NIAMOLO »  et ceux sur «  Le dernier survivant de la caravane, la fille du ciné-bar, les mangeurs des poulets crevés et le silence de la forêt de GOYEMIDE »  sont des textes que tout centrafricain doit lire et relire. 

                                                                  Pascal DEMBA

 

Publié dans Nation

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