LE RETOUR DE LA JUSTICE ET DE L’ETAT DE DROIT

Publié le par Loty Moïse ADOUMBAYE TOUBARO

Editorialiste

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LE RETOUR DE LA JUSTICE ET DE L’ETAT DE DROIT

Commencée en 2012, la crise centrafricaine alargement contribué à la fragilisation du tissu social, à la paralysie du système judiciaire et à l’effondrement de l’Etat. Les bâtiments publics ont été saccagés, les acteurs de la justice ont cessé d’exercer et les Forces Armées Centrafricaines (FACA) mises au banc de touche. En dépit de la présence de plus de 10 000 casques bleus sur le territoire centrafricain, l’insécurité perdure, surtout dans l’arrière-pays où des groupes armés continuent de piller et de tuer de paisibles citoyens. L’assassinat de 3 inspecteurs d’enseignement, au niveau de Markounda, est un exemple édifiant. Face aux exactions, aux actes d’injustice non réparés, les victimes ont le sentiment d’être abandonnées à leurs tristes sorts.

L’espoir renaît peu à peu car, depuis quelques temps, la MINUSCA intervient auprès des autorités centrafricaines dans le recrutement et la formation de 500 policiers et gendarmes ; elle intervient aussi pour renforcer l’indépendance de la magistrature et les capacités de l’appareil judiciaire et pénitentiaire du pays. La mise en place de la Cour Pénale Spéciale (CPS), la nomination d’un Procureur spécial de la CPS et les procès en cours inaugurent l’ère de la justice et de la restauration de  l’État de droit en République Centrafricaine.

En effet, la population centrafricaine a favorablement accueilli le début des procès. Tout a commencé le 8 janvier 2018 par le procès d’Andilo, alias Rodrigue Ngaïbona, un jeune chef de milice anti-balaka (anti-balle AK ?) arrêté par la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) le 17 janvier 2015 à Bouca. Selon RFI, Andiloest « l'un des chefs de guerre les plus dangereux et redoutés du pays ». La même source indique qu’Andilo, ancien coupeur de routes, a participé avec son groupe à l'offensive des anti-balaka sur Bangui le 5 décembre 2013, qu’il serait derrière l'attaque contre un convoi de la Minusca à Bangui, en octobre 2014, au cours de laquelle un casque bleu pakistanais a été tué. Il est aussi soupçonné d'avoir incendié un village dans le centre du pays. A son palmarès également, l'assassinat présumé d'un gendarme à Bangui en janvier 2015, ainsi que divers braquages. Il est poursuivi pour cinq chefs d'accusations dont assassinat, association de malfaiteurs, détention illégale d'armes et de munitions de guerre ou encore vol à main armée.

Le 2ème procès a été celui d’Abdoulaye Husseinet 12 autres membres du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC). Le 1er mars 2018, l’un des 12 est condamné à 10 ans de travaux forcés ; les 11 autres ont écopé d’une peine infamante : travaux forcés à perpétuité.C'est la première fois que des ex-Seleka sont jugés devant les tribunaux depuis le début de la crise. Quant à Abdoulaye Hussein, responsable du FPRC, une branche de l'ex-Seleka, il est accusé de graves crimes de droit international dont le crime de guerre et crime contre l’humanité et est mis sous sanction onusienne.  Il est toujours en cavale et sera jugé par « contumace » pour association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre, atteinte à la sureté intérieure de l’état et rébellion. L’arrestation et la condamnation des membres des groupes armés, c’est bien ; mais l’arrestation et la condamnation des leaders des groupes armés, c’est encore mieux.Car au-delà de la lutte contre l’impunité, c’est la question de la paix, de la sécurité et de la restauration de  l’État de droit qui est posée.

EDITORIAL

Par Dr Jean-Claude REDJEME

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